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1940

Pour l'honneur des armes

1940

   

    Le tragique printemps 1940 et le désastre militaire des Alliés ne doivent pas occulter le fait que le soldat français, chaque fois qu’il a été engagé dans des conditions tactiques acceptables, a fait preuve de la même valeur que ses aînés de 1914.

Au premier rang de ces combattants de l’honneur, les Alpins ont contribué aux seules victoires militaires de ce terrible début de conflit.

    Aux confins de la Scandinavie, sur les sommets et aux portes des Alpes comme sur la Somme, les troupes de montagne démontrent à leurs adversaires que leur réputation n’est nullement entamée
  

Narvik victoire au soleil de minuit

 

Embarquement à Narvik

L’industrie de guerre allemande importe le riche minerai de fer suédois, extrait des mines de Kiruna. Il transite par le port norvé­gien de Narvik. Pour les Alliés, il est donc vital de couper la route du fer, pour asphyxier le Reich. Mais les Allemands prennent les devants en envahissant la Norvège le 9 avril. Un corps expéditionnaire franco-britannique est alors constitué. C’est au général Antoine Béthouart, un Alpin confirmé, avec l’appui de la Home Fleet, qu’échoit la difficile mission de conquérir Narvik, au nord du cercle polaire.

Céromonie au départ des troupes pour la Norvège (avril 1940)

      Le port, niché au fond d’un fjord, est solidement tenu par les robustes Gebirgsjäger (chasseurs de montagne) du général Dietl, puissamment armés, et bénéficiant du soutien quasi permanent de la Luftwaffe. La nuit est alors réduite à moins de deux heures.

    Béthouart se trouve à la tête de forces cosmopolites. Outre la marine britannique dont il commandera le feu, événement unique dans l’histoire, il dispose d’une brigade polonaise, des Norvégiens du général Fleischer, de la 1 3° demi-brigade de légion étrangère où les Républicains espagnols sont nombreux, mais surtout de la 27e DBCA de Grenoble. C’est aux chasseurs qu’il confie la mission la plus difficile : déborder le dispositif allemand, sur un terrain enneigé et montagneux, tout en s’emparant des hauteurs stratégiques dominant Narvik.

Poste de fusil-mitrailleur au bord d'un fjörd

    Le 13 mai, la Légion conquiert Bjervik et Oijord, au terme de la première opération amphibie de la guerre. L’action convergente du corps expé­ditionnaire chasse les Allemands de Narvik le 28 mai. Mais ce haut fait d’armes, acquis le jour où les forces belges signent leur reddition et où les Britanniques commencent leur rembarquement à Dunkerque, reste sans lendemain.

 

  Sacrifice sur la Somme

    Après l’encerclement des forces françaises du Nord et le départ des Britanniques, le général Weygand parvient à rétablir une ligne de défense sur la Somme. Presque tous les corps alpins vont tenter, à partir du 6 juin, de barrer la route à la Wehrmacht, et tous combattent jusqu’à la limite de leurs forces.

    La 28e DlA de Savoie retranchée sur l’Ailette (Picardie) subit, les 7 et 8 juin, le choc de forces allemandes cinq fois supérieures. Le 27e BCA résiste pied à pied et perd en deux jours la moitié de ses effectifs. Le 7e  BCA contre-attaque l’ennemi à Pinon, le 6 juin, et se sacrifie pour permettre le repli général. Le chasseur Paul Bienabe tombe après avoir abattu dix-huit attaquants. Le 25 juin, la 28° Dl est réduite, après cinq semaines de combats ininterrompus, à moins de cinq cents combattants sur un effectif initial de dix-huit mille. Le comman­dant Soutiras (1) meurt les armes à la main et le commandant Mazeaud (2) est blessé. A Artonges, près de Montmirail, le 15/9 est anéanti le 25 juin après une lutte sans merci. En Normandie, la 5° DBCA de retour de Namsos (3) avec la 2° DBCA affrontent les panzers de Rommel. Le 13° BCA encerclé à Liomer charge les Allemands à la baïonnette, et certains chasseurs rescapés parviennent à s’embarquer à Veules-les-Roses pour l’Angleterre. Partout, les Alpins font leur devoir.

(1)           7° BCA.

(2)           27° BCA.

(3)           13°, 53°, 67° BCA.  

 

 

 

Les Alpes : un espace invaincu

  Quand le 10 juin 1940 Mussolini déclare la guerre à la France, il ne doute pas que les six cent mille hommes du groupe d’armées Ouest qu’il lance au combat, avec vingt divisions en premier échelon, ne viennent rapidement à bout de la petite armée des Alpes du général Olry, qui ne compte que cent quatre-vingt-cinq mille hommes, dont quatre-vingt­cinq mille combattants.

D’autant que la France est mortellement touchée, et que la Wehrmacht s’apprête à prendre à revers les Alpins engagés sur la frontière. Pourtant nos adversaires sont arrêtés et l’armistice intervient le 25 juin, sans que les posi­tions françaises ne soient sérieusement entamées, préservant les massifs alpins de l’occupation étrangère.

   

 

Mise en batterie d'un mortier (mars 1940)

L’assaut italien  

Après quelques escarmouches sur la ligne des avant-postes, la véritable offensive italienne ne se développe qu’à partir du 20 juin vers Nice, et du 21 juin sur le reste du front : Ubaye, Queyras, Briançonnais, Maurienne, Tarentaise.

L’écrasante supériorité numérique des transalpins est toutefois contrebalancée par différents facteurs : l’enneigement est encore considérable et les conditions météorologiques entravent les déplacements motorisés et la mise en place de l’artillerie d’appui italienne.

Par ailleurs, le réseau fortifié français élaboré dans les années trente se révèle d’une efficacité redoutable. L’artillerie, notamment, parfaitement familiarisée avec sa zone d’action, est capable d’écraser de ses feux tout ennemi repéré. Le moral des soldats italiens, engagés dans un conflit qu’ils réprouvent pour la plupart, est au plus bas. Ils se battent pourtant avec courage. La ligne des avant-postes français est tenue par les BAF, ainsi que les SES, quatre-vingt-sept sections d’élite laissées à la disposition de l’armée des Alpes après le départ des grandes unités pour le front du Nord-Est.

On ne compte plus le nombre de citations à l’ordre de l’armée obtenues au cours de ces opérations celles des lieu­tenants Bulle, Guidot, Desserteaux en Tarentaise, celles des équipages de la Turra et des Revets au Mont-Cenis, celle de l’adjudant Hettinger au col du Fréjus, du lieutenant Morel à Montgenèvre, du lieutenant Blanchard à Abriès, de l’adjudant Coupez à Larche, de la SES du 85e BAF dans la Roya, ou de l’équipage du Pont-Saint-Louis à Menton qui, avec neuf hommes, résiste au-delà de l’armistice à des forces considérables. Au bilan, les Italiens ont perdu près de six mille hommes, tués, blessés, ou gelés, contre moins de trois cents Français.

 

 

Voreppe: le capitaine de Vergeron arrête les Panzer 

Les avant-gardes allemandes, à partir du 21 juin, vont tenter de forcer le seuil de Voreppe, mais elles sont contenues efficacement sur la route de Grenoble. Le 24 juin, le XVI° corps blindé allemand lance une offensive de grand style, engageant les chars de la 3° Panzer et  une artillerie considérable. Mais dans la nuit précédente, le groupement d’artillerie du capitaine de Vergeron a fait mouvement, tous feux éteints, du sud de Corps jusqu’à Sassenage et Veurey, où il déploie ses batteries. De Vergeron monte de sa personne sur le bec de l'Echaillon, observatoire exceptionnel d’où il peut découvrir tout le dispositif adverse. Avec une précision inexplicable pour les Allemands, il va déclencher le feu, détruisant ou neutralisant six batteries, un parc de chars, deux colonnes motorisées, et même le terrain d’aviation de Moirans. Au soir, les soldats allemands ne peuvent que constater leur échec.

 

 

Voreppe

Voreppe, position clé près de Grenoble, marque la ligne de résistance de l’armée des Alpes

Echec aux Allemands

Le 21 juin, un communiqué de l’état-major allemand, pres­crit au XVIe corps motorisé de « se porter en direction de Grenoble et Chambéry... afin de couper la retraite sur la vallée du Rhône aux détachements français qui sont attaqués par l’armée italienne »

Avec deux panzerdivision, une division d’infanterie, une division de montagne et un groupement motorisé, le général Hoepner, qui aligne plus de soixante mille hommes, pense prendre le contrôle du Grésivaudan sans encombre.

Mais l’état-major de l’armée des Alpes est parvenu à créer du néant une force improvisée le ”groupement Cartier”, qui va barrer les lisières des Alpes entre Valence et le pont de Culoz. Dans cette armée de circonstance, on trouve des formations de l’armée des Alpes, des unités repliées du Nord-Est, des bataillons de dépôts, des compagnies de défense de l’armée de l’Air, et même un détachement de canonniers marins de Toulon. Un seul mot d’ordre ne pas reculer.

Aux Echelles, les avant-gardes allemandes sont contenues jusqu’au 25 juin par une poignée d’hommes. Après s’être emparé du pont de Culoz le 22, l’ennemi s avance vers Chambéry, mais il est défi­nitivement arrêté aux portes de la ville.

L’attaque principale est dirigée sur Grenoble. Durant deux jours, le groupement Brillat-Savarin et les artilleurs du 104° RALT vont livrer la bataille de Voreppe, au cours de laquelle la 3° Panzer perd plus de mille hommes sans résultat. Le 25 juin l’armistice entre en vigueur. L’armée des Alpes a conservé toutes ses positions.

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